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Dissertation: le Japon et la mer

 
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La dame du quatrième
PLC1/PLP1
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MessagePosté le: Lun Juin 16, 2008 8:48 pm    Sujet du message: Dissertation: le Japon et la mer Répondre en citant

Le Japon et la mer



Archipel composé de milliers d'îles, ouvert sur le plus grand océan du monde, le Japon ne peut être pensé sans dimension maritime; sa culture comme son économie en son imprégnées. L'insularité est également l'un des problèmes essentiels de l'existence du Japon: la mer englobe l'archipel fut tour à tour lien et barrière. Actuellement, les grandes régions économiques mondiales se constituent sur des façades maritimes et la mer est un atout fondamental dans les échanges mondialisés. Source de développement vital pour la nourriture et l'industrialisation, la « maritimisation » des activités offre la double facette de la domination métropolitaine et de la défiguration des paysages.


I – La mer façonne-t-elle un archipel « privilégié »?

A – L'un des composants de l'univers japonais:

Au Japon, aucun lieu n'est éloigné de plus de 100 km de la mer et l'archipel, éclaté en plus de 4000 îles et îlots dont plus de 400 sont habités, déroule 33000 km de côtes. La mer est donc l'un des composants de l'univers et de la civilisation japonaise. La société japonaise ne peut se détacher de son espace marin présent dans les activités de la pêche et dans les enjeux stratégiques et économiques. La richesse halieutique a fait des Japonais les premiers consommateurs de poisson du monde. L'étirement de l'archipel sur 3000 km aux latitudes moyennes, son morcellement et son occupation diversifiée permettent de distinguer le bloc « centralinsulaire » de Hondi qui rassemble les fortes densités, les activités économiques et le pouvoir depuis deux millénaires, et la périphérie « surinsulaire » d'îles éloignées d'Okinawa ou de Sado, à l'occupation plus faible. Les plus lointaines, inhabitées, sont parfois contestées par des litiges frontaliers avec la Russie, la Corée ou la Chine, car l'importance géostratégique et les richesses de la mer qui les entoure attisent les appétits.

B – Un élément à maîtriser et à apprivoiser:

Les flux d'origine maritime fournissent au Japon une pluviométrie importante et sa situation sur la façade orientale du continent explique le développement des typhons à la saison chaude sur les rivages du Pacifique. Les séismes sont redoutés en particulier quand ils sont sous-marins car ils induisent parfois des tsunamis qui frappent surtout le Japon de l'Endroit (rivage pacifique). La prévision restant incertaine, c'est sur la prévention des risques que peuvent compter les populations littorales: la construction de grands barrages leur permet de s'installer à proximité du rivage, l'adoption de normes antisismiques complète les exercices indispensables en cas de catastrophes.

C – La mer: barrage ou passage, ouverture ou fermeture:

Coupé de la Corée et de la Chine par la mer, celle-ci a pu constituer autant une barrière qu'un moyen de communication. C'est par la mer que le peuple nippon a reçu les apports chinois qui structurent sa civilisation (riziculture, écriture, bouddhisme). En revanche, l'archipel s'est volontairement fermé au monde du 17ème au 19ème siècle. À partir de l'ère Meiji, la mer permet l'ouverture et le changement radical par l'adoption du modèle de développement occidental. Ce choix de l'ouverture privilégie les constructions navales et le développement des activités militaro-industriel. La marine militaire est le fer de lance de l'expansion territoriale qui accompagne le développement commercial. Pendant l'entre-deux-guerres, les difficultés industrielles conduisent les dirigeants à une politique d'expansion outre-mer pour placer sous leur contrôle des territoires qui fournissent matières premières et débouchés pour les productions nippones. Ainsi, ouverture ou fermeture, la mer a joué un rôle incontestable dans le développement de la civilisation et l'économie japonaise; et après l'anéantissement de 1945, pour renouer avec la croissance, les Japonais s'appuient de nouveau sur la mer.


II – La mer comme stratégie de développement.

A – Une interface vitale pour nourrir la population:

La mer est nourricière. Longtemps première de la planète, la pêche japonaise se maintient au troisième rang après la Chine et le Pérou. La surpêche dans les eaux internationales et territoriales, le fait que la Chine et la CS soient devenues de redoutables concurrents imposent un nouveau rapport de force technico-économique qui menace la position des Japonais. Le déclin de la pêche lointaine et hauturière contraint la profession à se reconvertir et nécessite une augmentation des importations pour faire face à la consommation. L'Etat apporte son aide et finance pour moitié le coût du repeuplement de la zone de pêche côtière et a développé un programme, Marinovation, pour promouvoir de nouvelles technologies de pêche, construire des récifs artificiels et encourager l'aquaculture. Pionniers dans cette activité, les Japonais sont les premiers producteurs d'huîtres et ont développé des « cultures » de coquillages, d'algues et de crustacés pour faire face à la demande intérieure.

B – Un élément structurant des échanges:

La mer est aussi un élément structurant des échanges intérieurs et extérieurs. La structure en archipel a suscité d'importantes relations maritimes afin de contourner le handicap de la montagne et d'assurer les livraisons nécessaire d'une ville à l'autre. Les échanges intérieurs par cabotage représentent 40% du trafic total malgré la multiplication des grands travaux, ponts, viaducs, tunnels, qui ont mis fin à la situation insulaire pour les quatre plus grandes îles. Depuis le milieu du 19ème siècle, les stratégies de développement économique accordent aux échanges un rôle essentiel. Les importations de denrées alimentaires, de matières premières minérales et plus de 80% de l'énergie ainsi que les exportations de produits industriels transitent par les installations portuaires. Les chantiers navales, premiers du monde jusqu'en 2000, lancent 40% des navires mondiaux. Le Japon dispose de la deuxième flotte marchande du monde et d'un nombre très important de ports de structures très différentes, du simple relais aux vastes complexes comme celui de la baie de Tokyo, le plus important d'Asie orientale.

C – Des activités essentiellement littorales:

D'autre part, le littoral est organisateur de l'espace. Les plaine d'étendue limitée, se trouvent à proximité des côtes et actuellement presque la moitié des Japonais vit dans une commune baignée par la mer. Le morcellement du relief a incité à la création de plus de 1000 ports. La « Haute Croissance » (1955-1973) a conduit le gouvernement et les entreprises à accentuer l'implantation littorale des activités sur la côte pacifique: sidérurgie, métallurgie, constructions navales, pétrochimie. Cette littoralisation s'explique par la recherche d'économie d'échelle, la présence d'agglomérations importantes et d'un marché domestique. Dès 1962, le premier plan d'aménagement encourage le développement de terre-pleins et promeut les grands complexes industrialo-portuaires de la baie de Tokyo, de Nagoya, d'Osaka, de Kobé et de Kita-Kyushu. Ces terre-pleins construits pendant les années 70 dans la mégalopole ont étendu les régions industrielles le long de la fçade maritime. Ils sont maintenant utilisés par les acitivités tertiaires comme Disney World ou le téléport de Tokyo et par des zones d'habitation. Les technopolis du plan de 1983 sont, pour les plus dynamiques, situées dans l'aire d'influence des métropoles littorales.
L'essentiel des activités se fait sur le littoral et, dans cette « maritimisation » qui accompagne la mondialisation, l'archipel a été pionnier et y a trouvé son compte, mais la saturation des espaces induits des conflits entre les différents intérêts.

III – Une « maritimisation » convoitée, discutée et déséquilibrée.


A – Un espace conflictuel face à des intérêts divergents:

Le littoral est un espace conflictuel face à des intérêts divergents. Les activités sont en rivalités sur ces espaces limités et les conflits naissent de la présence des industries lourdes et du trafic portuaire qui polluent les espaces: la construction des terre-pleins entraîne la destruction d'espèces, les « eaux rouges » (liées à la prolifération de phytoplancton due aux rejets de nitrates) nuit à la faune aquatique sur la mer intérieure, dans les baies d'Ise ou de Sendaï. Ces algues nuisent à la pêche côtière et sont dangereuses pour les exploitations aquacoles. Les activités industrielles sont concurrencées dans l'occupation des littoraux par la spéculation immobilière pour les logements, les bureaux ou les infrastructures de transports. Les activités touristiques ayant connu un vif succès avec l'élévation du niveau de vie, ont accentué le mitage de l'espace. Les lois d'aménagement du territoire des années 60-70 visant à déconcentrer les industries du littoral ont été largement contournées par l'absence de réglementation précises et les impératifs du développement des grandes entreprises qui préfèrent rester à proximité des ports. Dans les années 80, les choix libéraux du gouvernement Nakasone favorisent la concurrence entre les régions et renforcent les localisations initiales qui sont toutes sur le littoral.

B – Un défi à l'environnement:

La maritimisation est en outre un défi à l'environnement: intérêts divergents, absence de réglementation, développement anarchique s'ajoutent aux contraintes de la nature. L'importance des activités littorales et des nuisances qui les accompagnent place souvent le littoral et la mer au centre des contestations. Le « mouvement habitant » s'est illustré lors du procès anti-polution de Minamata (empoisonnement au mercure). À Chiba, l'usine sidérurgique Kawasaki à aussu été condamnée pour pollution. Les entreprises japonaises se sont adaptées, certaines très polluantes ont été délocalisées vers des Etats moins soucieux d'équilibre écologique, d'autres ont utilisé des équipements anti-polution, nourissant un marché actif se positionnant sur le créneau environnementaliste qui rejoint des intérêts économiques bien compris. Les orientations gouvernementales depuis la fin des années 80 montrent cette prise de conscience et cherchent à présenter le Japon comme une grande puissance qui défend l'environnement (sommer de Kyoto en 1997). Mais le combat contre les dégradations paysagères et environnementales très marquées par l'urbanisation des côtes à l'époque de la « Haute Croissance » n'est pas toujours bien compris. Récemment encore, des plans d'aménagement touristiques comme celui de la baie d'Ishigaki, qui cherche à attirer une clientèle nombreuse qui ne peut plus aller à l'étranger du fait des difficultés économiques, font courir les mêmes risques.

C – Une position mégalopolitaine dominant l'ensemble de l'archipel et les échanges mondiaux:

Enfin, la mégalopole domine. Les efforts pour desserrer les activités vers l'intérieur n'ont pas modifié l'attractivité du littoral de la megalopolis, l'entassement urbain continue de se renforcer, particulièrement Tokyo. La façade pacifique, la plus active du monde, concentre une grande partie des échanges mondiaux. Le Japon, malgré la crise de la dernière décennie reste au troisième rang avec plus de 6% du commerce mondial en 2001. Il a surmonté les handicaps, comme l'éloignement des grands marchés des économies développées et la difficulté à produire et stocker sur des espaces limités. En contrepoint, la proximité des espaces en développement de l'Asie de l'Est et du Sud-Est, ainsi que l'intérêt des Japonais pour les technologies, permettent de transformer des inconvénients en atouts. La modernisation de l'organisation portuaire, la place de la conteneurisation, les industries de l'intelligence font de la mégalopolis une façade attractive.


CONCLUSION

La mer, atout primordial dans l'économie mondialisée, a permis au Japon de se dégager de l'enclavement où il s'était muré. La concentration des activités de production et de gestion des métropoles sur la façade maritime la plus propice est le symbole de ce rapport privilégié. Les intérêts contradictoires en font un espace convoité et la place vitale de la mer dans la civilisation japonaise représente un bien à aménager mais aussi « à ménager ».
En périphérie de « l'Extrême Occident » mais de plus en plus intégrée aux économies des pays en développement de cette région extrême orientale, la puissance japonaise est confrontée à de nouveaux défis, comme sa capacité à sécuriser l'acheminement de ses importations de matières premières et énergétiques et à s'affirmer géostratégiquement sur le Pacifique; pour toutes ces raisons, le Japon doit dominer la mer.
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